Minuit. Impossible de trouver le sommeil. Cette dernière semaine avait été chargée en émotion, et j'étais épuisée... Et même si je voulais me jeter dans les bras de Morphée, quelque chose m'en empêchait. Des images me hantaient. J'entendais la plupart du dortoir dormir. Leurs respirations calmes et régulières flottaient partout autour de moi.
Le couvre-feu était largement dépassé, surtout depuis qu'il avait été changé, suite aux évènements récents... Le meurtre. Dont le coupable était toujours parmi nous. Tout à fait consciente du risque, je glissais hors de mes draps pour enfiler une robe et une veste. Inutile de prendre des chaussures ; de toute manière, la plupart étaient à talons et m'auraient trahie en résonnant sur le sol. Je sortis du dortoir sur la pointe des pieds, et ne relâchais mon souffle qu'une fois à l'extérieur.
Si jamais on m'avait vue, j'étais très mal. On pourrait me suspecter du meurtre. Surtout avec mes fréquentations Black Moon et mes virées nocturnes répétées.
Je marchais sans vraiment savoir où aller, aux aguets, mettant mon ouïe de vampire au maximum pour ne pas être surprise, avant de décider de me rendre à la piscine d'Underground. Quelle idée biscornue, n'est-ce pas ? Le rendez-vous de l'élite, des Black Moon en particulier... On ne pouvait pratiquement pas y entrer sans faire partie de leur maison. Mais j'y avais été conviée plusieurs fois, et je connaissais le chemin. Et j'avais une drôle d'envie de m'y risquer. Alors qu'un meurtrier, sûrement de cette maison, m'y attendait peut-être... Surtout aux alentours de minuit.
Une fois sur le point d'entrée, j'entendis un vague bruit de remous. Mes doigts restèrent en suspens à quelques millimètres de la poignée. Qui était-ce? Je pris ma respiration et appuyais sur la poignée, qui me parut froide au toucher. Si je n'étais pas entrée, je savais que j'aurais cogité toute la nuit en me demandant si c'était le meurtrier. Autant ne pas s'offrir une nuit blanche pleine d'anxiété. La porte ouverte, je reculais vers le couloir. L'odeur du chlore était nette, et les remous de l'eau également. Il y avait quelqu'un. Qui émergeait. Je vis une silhouette féminine, et cela me rassura. Vampire ou sorcière, j'étais capable de faire face à une fille. Un vampire mâle aurait été bien plus ardu. La silhouette se rapprocha, sortis de la pièce et je me retrouvais nez à nez avec... Melissa.
Melissa.
Le discours du directeur m'avait tellement chamboulée que je voyais des meurtriers partout ! Melissa. Ce n'était que Melissa. Elle aussi sembla un instant rassurée que ce soit moi, et elle fit demi-tour après m'avoir sourit, plongeant les pieds dans l'eau. Je la suivis en prenant soin de fermer la porte et m'assis à ses côtés, mes pieds goûtant à la fraîcheur de l'eau. J'étais rassurée, mais avais-je raison de l'être ? N'avais-je pas été, quelques heures plus tôt, méfiante envers les Black Moon ? Je chassais ces idées idiotes de ma tête.

- Tu te souviens, le jour où ma mère avait fait des crêpes, t'étais venue, et, je les avais trouvé dégueulasses, j'avais balancé par terre toute l'assiette! On avait rit ce jour là!

Je faillis sourire... Mais je préférais jouer la carte méfiance. Peut-être même sans s'en apercevoir, elle venait de parler de nourriture, et donc de mon ancienne condition, ce qui voulait dire qu'elle se rappelait très bien que je n'étais pas née vampire... Il y avait aussi le fait de parler de la Russie, de ma vie d'avant, de nos vies d'avant. Avais-je pansé ma blessure ? Étais-je prête à me rappeler le passé ? Je n'imaginais pas une seconde Melissa tentant de me blesser. Ça me paraissait absurde. J'étais ridicule !
Les commissures de mes lèvres se relevèrent doucement. Un semblant de sourire. Oublions la vieille paranoïa.

- Je m'en souviens... Du coup, on était parties jouer vers la rivière qu'il y avait près de chez toi. On adorait aller là-bas. Tu aimais déjà l'eau.

Melissa était en effet sorcière. Comme ça depuis la naissance. Pas de transformation, pas de morsure, pas de problèmes. Je me demandais si elle était au courant pour l'accident. Où j'étais censée être morte, d'après les papiers qu'avaient remplis Underground. Personne n'avait trouvé ça louche. Je n'avais manqué à personne. Peut-être à Melissa ? La Melissa avec qui je courais près de cette fameuse rivière, la Melissa avec qui je faisais des batailles de boules de neige, avec qui je me réchauffais le soir au coin du feu en grelottant, la Melissa qui était déjà la plus jeune, mais aussi la plus méchante de nous. La Melissa que je retrouvais bien des années après. A peine changée, plutôt évoluée. Grandie. Avec ce même sourire, ces mêmes yeux bleus. Avec les dents définitives en plus, les bonnes joues roses qu'ont les enfants en moins.

J'avais à côté de moi la fille que j'avais considéré comme ma sœur pendant longtemps. Cette fille qui serait peut-être morte si elle avait réellement été ma sœur.

Et ton don, tu t'en est aperçut quand? Tu ne m'en avais jamais parlé, si?

Je poussais un soupir. Soit elle faisait exprès de me pousser au bord du gouffre pour que je lui avoue tout en face, soit elle ne comprenait pas et trouvait possible que nous ne nous soyons pas croisées plus tôt à Underground et que, toutes nos années passées ensemble, rien d'extraordinaire ne soit jamais arrivé. A moins qu'elle n'ait été complètement obnubilée par son propre don. Je regardais un instant mes propres pieds dans l'eau. Je réfléchissais. Pouvais-je lui faire confiance ? De toute manière, plus le temps passait, plus elle allait trouver l'attente louche. Et il suffirait de creuser un peu pour découvrir que personne, avant il y a deux ans, n'avait jamais entendu parler d'une Anastasia russe et orpheline.

Avec un peu de chance, Melissa aurait séché assez de cours d'Histoire de Vampires pour savoir que les vampires qui ne sont pas dans cette condition depuis la naissance sont considérés comme inférieurs par les autres. C'était quelque chose qu'un vampire ne disait pas à un autre. Mais Melissa était une sorcière. Quel intérêt pour elle ?
De toute manière, je voulais m'assurer... Que j'avais bien Melissa en face de moi. Que c'était bien la Mel que mon frère tenait entre ses bras, la Mel qui rigolait avec moi devant le feu, celle qui goûtait avec moi, faisait des batailles de boules de neige, espionnait les voisins, ne sortait pas de sa chambre à moins que je ne lui parle ; la Mel certes égocentrique et insupportable parfois, mais celle qui avait été une amie précieuse et amusante aussi. Celle qui avait disparu quand j'avais besoin d'elle, également ; sans le savoir. Melissa était partie avant l'accident, avant tout ça. J'aurais tant voulu pleurer dans ces bras à ce moment-là. C'était idiot mais... Sans Melissa, sans ma famille, je me sentais vraiment seule. Je ressentais cette solitude écrasante qui nous broie de l'intérieur. Et j'avais détesté ça. Mais maintenant qu'elle était là, en face de moi, avec sa question ambiguë à laquelle je ne pouvais pas répondre sans risque... Je me demandais si c'était toujours ma Melissa... Alors je lui posais la question, tout simplement. En évitant soigneusement de répondre à sa question.

« Мелисса Слушай, я буду честен с вами ... Потому что вы не испугать меня, в отличие от большинства других студентов в этой школе. Я не боюсь тебя, потому что ваш кондиционирования, я знаю лучше, чем кто-либо.Единственное, что пугает меня, прямо сейчас, прямо сейчас, заключается в том, что вы пытаетесь заставить меня или вы можете иметь дружескую беседу.
** Ecoute Melissa, je vais être franche avec toi... Parce que tu ne m'effraie pas, contrairement à la plupart des autres élèves de cette école. Je n'ai pas peur de toi, parce que tes grands airs, je les connais mieux que personne. La seule chose qui me fait peur, là, maintenant, tout de suite, c'est de savoir si tu essaies de me coincer ou si on peut avoir une discussion amicale. »

Bon. Peut-être allait-elle me trouver idiote ; après tout, c'était elle qui avait engagé une discussion qui, de premier abord, paraissait amicale. Mais cette question me gênait réellement. Devais-je lui dire, tout simplement, quelque chose qui, si elle le répétait, pourrait devenir un cauchemar ? Ma réputation en avait déjà pris un coup il y a peu ; à cause de mon amitié avec Heaven. Heureusement, on m'avait vue jeter un soda à la figure d'une élève, on m'avait vue traîner avec Alexandra la terrifiante Black Moon, on avait vu que j'osais même sourire à Melissa Powell la garce impitoyable Black Moon aussi, sans oublier Logan. Il y avait eu bien moins de rumeurs à propos de ça, car moins de témoins. Heureusement. J'avais tellement honte... J'étais vraiment à deux doigts de tomber amoureuse d'un Black Moon sans cœur qui jouait avec moi. Hum. Bref, ma réputation avait eu ses pics et des descentes alarmantes. Je ne voulais pas que la nouvelle rumeur sur moi concerne ma condition de "fausse" vampire.
De plus, si Melissa racontait mon petit secret... Je n'étais pas sûre de pouvoir le supporter. Elle représentait en quelque sorte la dernière chose qu'il me restait de positif de mon passé. J'avais tout abandonné. Fringues, bijoux, tout. Je voulais passer à autre chose. Oublier le traumatisme, pour mieux le vivre ensuite. Ça avait été dur, bien sûr, mais à présent, je nageais dans une sorte de bulle. J'étais la fille sans passé. Juste une vampire parmi d'autre. Personne ne savait que mes parents étaient morts ici, j'avais très bien réussi mon affaire... Mais voilà, quelqu'un de mon passé, quelqu'un qui savait, juste en face de moi. Melissa faisait émerger des souvenirs que j'avais pris soin à enfouir au plus profond de moi. Et plus je la voyais, plus je voyais ma famille autour d'elle, et plus je me rendais compte à quel point elle était importante pour moi.
Peut-être même plus qu'avant, où elle était une amie très proche. A présent, elle était une survivante, quelqu'un qui faisait partie de mon histoire. C'est en réalisant cela que je pris conscience que je venais de m'adresser à Melissa en russe. Par habitude. Sans y réfléchir. Alors que je ne l'avais pas parlé depuis deux ou trois ans. J'espérais juste qu'elle n'allait pas me regarder comme si j'étais folle... Surtout que je n'y avais pas du tout réfléchi. Et que je n'avais jamais parlé, en russe, en anglais, ou dans toutes les langues du monde, de cette manière à Melissa Powell depuis bien des années.


** : Bon, je sais pas du tout si c'est correct, grammaticalement ou quoi. J'ai cherché sur Google Traduction, c'est tout ! Je ne connais rien du tout au russe ! x)

Melissa plongea... Et je me surpris à soupirer. De soulagement ? Avais-je finalement peur d'elle ? Non. C'était absurde ! J'avais peur. Mais pas de Melissa. De perdre son amitié. J'y tenais et ça m'effrayait. Et si rien ne pouvait redevenir comme avant ? Et si elle me décevait ? Pourrais-je le supporter ?
Une tête blonde émergea de l'eau et j'eus un sourire. Deux blondes russes insupportables et dotée, en plus d'un don extraordinaire, d'une capacité à effrayer la plupart des élèves de Underground. D'accord, je n'étais pas une Black Moon, mais c'était tout comme ; j'étais respectée et crainte. Peut-être pas autant que Melissa, mais suffisamment pour qu'on me fiche la paix.

Скучаю по тебе!

Juste ça. Melissa n'était pas habituée à parler. Elle se rétractait la plupart du temps... Je le savais trop bien, exprimer ses sentiments, ce n'était pas tellement son truc. Pourtant, elle faisait cette... Révélation ? Confidence ? Je ne savais pas trop ce que c'était, si c'était la promesse de ne plus partir, de ne pas m'abandonner une deuxième fois - bien qu'elle n'y fût pour rien la dernière fois-, si c'était un cadeau, un aveu... Non, je savais juste que Melissa n'avait pas dit ça au hasard. Qu'elle n'avait pas lâché ces mots sans penser au sens, aux conséquences, comme ça, parce qu'ils lui venaient à la bouche. Cette phrase floue, au sens qui me paraissait encore lointain était une sorte de prière. Ces trois mots que je ne croyais jamais entendre. Tu m'as manqué.

Je ne devais pas être un monstre si j'avais manqué à quelqu'un, pas vrai?
Je m'étais retrouvée tellement seule, que je croyais que plus personne ne m'appuyait. Alors que, même loin, même sans être près de moi, elle me soutenait. J'avais l'impression que je n'avais plus de poids sur les épaules. Ou du moins qu'elle m'aidait à le porter. Après tout, ne dit-on pas "L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines" ?

Car oui, j'avais décidé de laisser le soupçon en chemin. Je tenais à Melissa. A mes souvenirs en sa compagnie. Alors, simplement, je m'approchais. Je fis ce geste, qui paraissait tellement familier et étranger à la fois ; ce quelque chose dont on est habitué pendant un temps, qu'on oublie, et qui nous revient naturellement... Je serrais Melissa dans mes bras. C'était tellement étrange, tellement absurde, mais j'en avais tellement besoin. Ce n'était pas vraiment un geste étranger ; j'avais pris dans mes bras, pour rire ou non, Melissa des dizaines de fois. Quand on ne voulait pas se quitter mais qu'il fallait que l'une de nous deux rentre chez elle, qu'on croyait qu'on pourrait rester dans les bras l'une de l'autre pour toujours sans que nos parents ne puissent nous séparer, par exemple. La faim reprenait toujours le dessus, et finalement, nous étions obligées de nous dire au revoir. D'un autre côté, à présent, je serrais presque une inconnue dans mes bras. Parce que la dernière fois que nous nous étions vraiment parlé, elle avait treize ans et moi quinze. A présent, 17 et 19 ans, nous étions plus grandes, nous n'avions ni la même coiffure, ni les mêmes manteaux épais, sans oublier nos sourires presque innocents et les secrets de l'autre qu'on connaissait par cœur, du plus minime des béguins aux plus graves bêtises.
Bon. Toujours est-il que je ne savais pas du tout si Melissa allait me prendre une folle et me mit à rire doucement en me rappelant la dernière personne que j'avais serré dans mes bras. Le Directeur !
Je lâchais Melissa, toute honte ou gêne envolée, décidée à faire comme s'il ne s'était rien passé depuis la dernière fois. Comme si rien n'avait changé... Ou presque.

Спасибо.*
Merci.

Merci pour quoi ? Cette étreinte ? Ses trois mots ? D'être là, tout simplement ? Je n'en avais aucune idée. Il me paraissait important de le lui dire, tout simplement...

И мой подарок, я понял, когда я проснулся здесь.Медсестра разбудила меня, и вдруг, у меня было такое видение плохого качества, прерывается, когда я увидел ее просят брака. В соответствии с Ветхим Заветом, я поняла, что это древняя память, но мне особенно интересно, что случилось со мной. *
Et mon don, je m'en suis rendue compte dès mon réveil ici. L'infirmière me réveillait, et, d'un coup, j'ai eu cette sorte de vision de mauvaise qualité, entrecoupée, où je la voyais se faire demander au mariage. D'après sa vieille alliance, j'ai compris qu'il s'agissait d'un souvenir ancien, mais je me suis surtout demandé ce qu'il m'arrivait.

Je souris, espérant que cette révélation ne se retournerait pas contre moi, et eus soudain une idée folle. Sans prendre le temps de retirer ma robe, car Melissa aurait compris, je sautais dans l'eau tout habillée en prenant soin de produire le plus d'éclaboussures possible. L'eau était fraîche, et ma robe me collait à la peau, mais je savais bien nager - ayant côtoyé Melissa pendant des années, c'était presque une obligation.

Там я чувствую себя как дома!*
Là, je me sens vraiment à la maison !

Il n'y avait aucune mélancolie, étrangement, derrière cette phrase. Juste un sourire éclatant, voyant une Melissa encore plus trempée qu'avant sur le rebord de la piscine.

[ Hj :Bon, désolée, c'est assez nul, et j'ai sauté le passage où on s'éclate. Si ça te dérange, n'hésite pas à m'envoyer un Mp pour que je modifie. Sinon, tu peux toujours en parler dans ton Rp ^^ ]

Si si, bien sûr, quand elle apprendra à se taire plutôt que dire des conneries, quand elle comprendra qu'il ne vaux mieux pas me chercher, et, ah non en faite, même dans ce cas là je ne la supporterais pas!

J'éclatais de rire en l'entendant parler. Pas que je ne respectais pas Alexandra, mais j'étais certaine que si j'avais posé la question à celle-ci, elle m'aurait répondu quasiment la même chose. Je levais les yeux au ciel.
Mon sourire s'effaça quand je vis l'air triste de Melissa. Je savais qu'avant, j'aurais ressenti cette tristesse, que je l'aurais perçue avant même qu'elle ne vienne... Mais je ne me leurrais pas. Rien ne serait comme avant. Pas après autant de temps éloignée de Melissa. Pas avec ces différences qui s'étaient créées entre nous sans que nous nous apercevions, juste parce que nous n'étions plus là l'une pour l'autre.

Et puis d'un coup, un semblant d'attaque mentale me figea. Comme quand on envoie un message et qu'on appuie sur "envoyer", j'avais l'impression de lire en direct les pensées de Melissa. Mais pas comme avant, pas en analysant ses sourcils légèrement froncés ou son absence de sourire, non, vraiment. En image. Je ne savais pas d'où ça venait, et au départ, je pris peur. Vraiment. Je suffoquais sous les images. Elles venaient toutes, en flashs, comme quand on ferme les yeux dans le noir alors qu'on en a peur et qu'on est assailli par nos cauchemars. Là, je voyais juste une feuille et une plume. Mais ça me terrifiait, c'était comme un mauvais rêve, un rêve angoissant. J'avais les yeux ouverts, je savais être à côté de la piscine, mais je ne voyais que cette plume. C'était là le problème de mon don. Je me concentrais de toutes mes forces pour échapper à ces images dont je ne savais rien, effrayée, aveuglée, mais ma vision ne revenait pas. Je ne sentis même pas que je basculais dans l'eau, je n'essayais pas de nager. Je finis par accepter de voir. Parce que je savais que je n'étais pas du tout assez forte pour résister sans le directeur, également professeur de maîtrise des dons. Et que mon don me faisait peur. Au pire, n'a-t-on pas dit " Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder "* ? C'était ce que je faisais. Je cédais. J'acceptais le flot, la vague, et j'admirais. Que pouvais-je faire d'autre ?

Et ce que je vis me rassura. Ce n'était pas du tout une attaque mentale. Juste un sentiment fort de Melissa que j'avais ressenti violemment. Les images s'imposaient à mon esprit, et j'y voyais Melissa écrire. Je pouvais lire la lettre qu'elle écrivait, mais en voyant écrire mon prénom, je me demandai si c'était une bonne idée. Je décidais d'attendre qu'elle ai terminé. Le feu de la cheminée crépitait à ses côtés, il semblait faire nuit, la salle commune des Black Moon était déserte. Elle était seule et semblait se retenir de pleurer... Enfin, bien sûr, je savais ça parce que je la connaissais bien.

Du côté de la piscine, tandis que je regardais tranquillement les bribes de souvenirs que m'avait offert -volontairement ou non - Melissa, je me noyais presque. J'étais en train de couler, complètement indifférente à la situation puisque, tant que mon don ne m'aurait pas tout montré, je ne reviendrais pas à moi-même. J'étais dans une sorte de transe, les yeux ouverts, l'air normal, sauf que je m'enfonçais dans l'eau. J'étais déjà complètement immergée et je ne réagissais toujours pas. Je ne suffoquais pas encore mais les bulles à la surface se faisaient moins nombreuses. Complètement ailleurs, je continuais de voir le passé.


La lettre était terminé. Melissa était hésitante. Pourquoi ? Je finis par m'obliger à lire. Et me figeais de stupeur. Melissa avait voulu venir. Elle ne m'avait pas oubliée. Mais, finalement, le temps avait tracé son chemin. Et je m'éloignais de sa mémoire, sans pourtant me déloger de son cœur. Disons que, si elle savait qu'elle avait connu une autre petite fille blonde dans le temps, avec qui elle était presque sœur tellement elle était proche, elle ne savait plus exactement à quoi je ressemblais. Je savais ce que faisais cette arme destructrice qu'est le temps, car je l'avais également vécu de mon côté. Peu à peu, sans oublier totalement Melissa, je m'étais habituée à son absence. Et, si on y réfléchit c'est peut-être pire... Je ne lui en voulais pas. Comment aurais-je pu ? Ce n'était pas de sa faute. J'étais juste déçue qu'elle n'aie pas eu le courage de m'envoyer sa lettre. J'aurais au moins su que je n'étais pas seule. Qu'on ne m'oubliait pas.
J'avais l'impression d'être à côté de Melissa, et j'étais réellement émue. Je n'avais plus de mots, mais Melissa disparaissait déjà alors que je commençais à avoir les yeux humides.

J'ouvris enfin les yeux.

étoile :P:

Hj:

Quand j'ouvris les yeux, tout était bleu. D'abord, je ne compris pas pourquoi, et quand je voulus ouvrir la bouche pour demander à mon amie ce qu'il s'était passé, l'oxygène ne vînt pas. A la place, de l'eau, beaucoup trop d'eau, par ma bouche, mon nez. J'avais l'impression de remplir mes poumons d'eau, de n'être faite que d'eau. La lenteur des choses, les sons presque inexistants, tout cela rendait une impression, une atmosphère irréelle et terriblement angoissante. Je cherchais mon souffle, je cherchais de l'air, mes yeux piquaient, et j'entendis une sorte de cri étouffé par l'eau, la pression, comme lointain. C'était Melissa, mais déjà, elle me remontait, mes poumons vidaient leurs dernières réserves, et la clarté me brûlait les yeux. Enfin de l'air. J'avalais une immense goulée, épatée par ces ressources, sûrement vampiriques, et par Melissa, qui venait de me sauver la vie. Je toussais l'eau avalée, respirais, me calmais. Encore dans mon monde, dans l'eau, je sursautais en entendant la voix de Melissa, claire et forte.

- Non mais t'es complètement malade! A quoi tu joue? Ça suffit Ana'! J't'interdit de t'abandonner encore! T'aurais pu te tuer! Je... J'aurais pu ne pas être là! Mais, qu'est ce que tu fou avec Aaron? Vous jouez au Scrabble? Il ne t'a toujours pas appris à garder un oeil sur toi pendant que tu te plongeais dans des souvenirs?

Elle se laissa tomber à côté de moi alors que je cherchais mes mots.

- Melissa... Tu sais, tu es un cas à part. Tu contrôles bien ton don sans avoir besoin de te concentrer... Moi non seulement je ne contrôle pas l'arrivée de ces flashs, mais en plus, quand ils arrivent, j'ai l'impression d'être impuissante. Je pense que c'est plus une malédiction qu'un don, tu sais. Et malgré tous les conseils d'Aaron, je n'arrive à rien. C'est comme un rêve. Tu ne te contrôles pas quand tu dors, mais tu vois ton rêve. Alors tu regardes et tu ne fais rien. Et puis tout le monde se débrouille avec son don, je suis vraiment nulle.

Je me mis à rire et à pleurer en même temps. Je me sentais ridicule, mais je savais que c'était le contre-coup. Déjà, je venais de manquer de me noyer, et Melissa m'avait sauvé la vie, juste après m'avoir offert le plus beau cadeau et souvenir du monde - tout ça me déstabilisait vraiment. Elle s'énervait, et je savais que je l'avais inquiétée et je m'en voulais alors qu'elle était si gentille avec moi, j'avais l'impression d'être une gamine de cinq ans, et je rigolais en me moquant de moi-même, le visage déformé en un rictus que je n'arrivais pas à changer.

Cela m'était arrivé quelques fois, et je me rappelais que ça m'aie fait cet effet pendant l'accident. La douleur, la terreur, je ne savais pas ce qui provoquait ça, je savais juste que j'avais le visage figé dans une expression presque ridicule et que les larmes coulaient d'elles-même, sans que je parvienne à les retenir. Je devais sérieusement être fatiguée. Ou folle. Je ne sais pas si c'était Melissa qui me serrait dans ses bras ou moi qui la serrait dans les miens, toujours est-il, que je me mis à sangloter sur son épaule.

- Elle est tellement belle ta lettre... Si... Si tu savais, quand tu es partie... Je ne comprenais pas... Je suis arrivée chez toi, tu n'y étais pas... J'ai demandé à ta mère si tu t'étais encore enfermée dans ta chambre, elle m'a dit " Melissa est partie. Tu peux rentrer chez toi, tu ne la reverras pas". Au début, je n'ai pas voulu la croire, mais ta chambre était vide. Alors j'ai dit à ta mère que je rentrais chez moi. Et à la place, je suis allée dans notre coin pas loin de la rivière... Et je t'ai attendue... Et j'ai compris que tu ne viendrais pas... Mel, tu m'as trop manqué. Alors promis, je ferais des efforts pour mon don. Je te le promets, mais en retour, promets-moi que tu resteras toujours avec moi... Je ne veux pas me retrouver toute seule... J'ai peur, Mel.

Quand j'ai compris que Melissa ne viendrait pas, je me suis roulée en boule dans la neige. J'ai regardé le reflet du ciel dans l'eau qui bouillonnait, qui remuait, qui paraissait dangereuse et vide d'intérêt sans ma meilleure amie. Qu'est-ce qui était important, sans elle ? Je pensait que Melissa m'en voulait pour une raison quelconque. Elle ne pouvait pas être morte, j'étais persuadée que je l'aurais senti. On était comme des sœurs, liées et inséparables. Et moi sans Melissa, c'était comme un escargot sans sa coquille, une mer sans vagues, une tempête sans orage. J'étais vide, creuse, seule, je n'avais pas ma protection, ma camarade de jeu. Alors je me suis approchée de l'eau, et j'ai enlevé mon gant. J'ai touché l'eau, elle était très froide. Et je me suis dit que si je me plongeais dans l'eau glacée, comme moi je ne savais pas respirer sous l'eau, tu viendrais m'y sortir. Alors, je suis rentrée dans l'eau glacée et je me suis laissée entraîner par le courant. J'étais terrifiée. Je criais à l'aide, je criais pour que Melissa vienne et ne me sorte de là. Mais Melissa ne venait pas, je coulais, j'avalais toute la rivière, je toussais, je crachais, je hurlais, je m'époumonais, je me débattais, et je perdais mes forces. Et puis, des bras m'ont sortie de là. Je pleurais. C'était Alex, mon grand frère. Il m'a ramenée à la maison. J'avais attrapé froid, et je suis restée une semaine au lit. La semaine suivante, j'allais mieux physiquement mais je me laissais aller. Je n'avais plus envie de manger, de boire, de bouger, de vivre. Je voulais savoir pourquoi ma Melissa était partie. Et mon frère avait été le seul à rester à mon chevet, à m'expliquer que c'était des choses qui arrivaient. Le temps est passé. Je me suis habituée à vivre sans ma Melissa. Et puis, l'accident. Mon frère, la seule personne avec qui je m'entendais vraiment et avec qui je partageais ce que je ne pouvais pas partager avec Melissa, qui y laissait la vie. Le monde qui s'écroulait une deuxième fois. Quand je me suis réveillée à l'hôpital, j'ai vraiment cru que tout était fini. Que j'étais toute seule. Seule au monde. Que si je disparaissais, je ne manquerais à personne. Que tout le monde m'avait oubliée. Et puis, la morsure, la transformation, Underground... Et Melissa. Comme si la vie s'excusait d'avoir été trop méchante, à défaut de tout ce que j'avais perdu, je retrouvais ma meilleure amie.
Un mal pour un bien ? Non. Une reconstruction de soi après un massacre intérieur.

Melissa ne pouvait pas voir mes souvenirs, mon passé. Alors je me contentais de la regarder, comme pour essayer de lui faire passer tout ça. Avec le cœur, l'esprit, le regard, ce que vous voulez... J'essayais juste de me dire que tout irais mieux, puisque rien ne pouvait mal aller avec elle à mes côtés. Alex ne serait pas contente, et alors? C'était comme si on avait le même sang, comme si on était juste un miroir de l'autre. Elle ne pouvait pas me l'arracher. Pas une deuxième fois. Parce que j'étais bien décidée à la garder, cette fois-ci...


[ J'ai trop trop honte du délai, je suis vraiment désolée. T'as le droit de me noyer pour de faux si tu veux xD On en est à une vingtaine de messages, tu veux qu'on termine bientôt ou tu as encore plein d'idées? :) ]

Melissa... Tu sais, tu es un cas à part. Tu contrôles bien ton don sans avoir besoin de te concentrer... Moi non seulement je ne contrôle pas l'arrivée de ces flashs, mais en plus, quand ils arrivent, j'ai l'impression d'être impuissante. Je pense que c'est plus une malédiction qu'un don, tu sais. Et malgré tous les conseils d'Aaron, je n'arrive à rien. C'est comme un rêve. Tu ne te contrôles pas quand tu dors, mais tu vois ton rêve. Alors tu regardes et tu ne fais rien. Et puis tout le monde se débrouille avec son don, je suis vraiment nulle.

Je fronçais les sourcils, encore, hésitant entre la secouer comme un pommier pour lui remettre violemment les idées en place ou la serrer contre mon coeur. Oui, je pense que, quand on me traitais d'irrationnelle, c'était plutôt justifié.

[je le termine non? :) ]U.C.