J'avais faim. Oui, j'avais faim mais je redoutais toujours l'heure du repas. Ce sang rouge vif dans les assiettes des vampires ... Cela me mettait affreusement mal à l'aise. J'essayais de ne pas le montrer mais je ne pouvais m'empêcher d'être dégoûtée. Et dire que ce sang était peut-être celui d'humain comme moi. Peut-être que ce sang sera bientôt le mien. Je frissonnai à cette idée. J'eus le stupide réflexe de regarder mes veines visibles sur mon poignée. Et dire qu'en un mouvement, les vampires m'entourant pourraient me tuer et me vider de mon sang. Je pressai le pas en passant à côté d'un groupe de vampires et me dirigeai vers le réfectoire en titubant légèrement, déboussolée par mon imagination bien trop débordante. J'entrai et découvrit une salle grouillante d'élèves. Cinq tables en bois étaient alignés, les maisons étaient mélangés, chacun s'asseyait où il le voulait. Je me fis toute petite et m'assit au bout de la table la plus éloignée de celle où les professeurs mangeaient. Allez savoir pourquoi. Au centre de la table, de grand récipients contenant du sang. Un peu plus et il débordait. Juste à côté une salade très appétissante destinée aux humains-sorciers. Je me servis fébrilement. Le sang me coupait l'appétit. Je pris le pichet, me servis du jus d'orange. Je ratai mon verre à cause du tremblement incessant de mes mains. Je jurai et fis de mon mieux pour essuyer la petite flaque grâce à ma manche. J'avais attiré l'attention de quelque élèves. Je me fis ensuite la plus discrète possible, allant jusqu'à faire attention au bruit que je faisais en mâchant ma salade. J'étais une des seules élèves à manger seule. Les autres entamait des conversations animés. J'entendais de nombreux rires. Un joyeux brouhaha. Je me sentis très seule.

Je portai mon verre à mes lèvres. Une fille, apparemment pressée, se mit à courir dans l'allée juste derrière ma table. En passant près de moi, elle me bouscula. Le contenu de mon verre, à savoir du jus d'orange, se déversa sur la jeune femme brune assise à côté de moi. Le verre tomba sur le sol et s'éclata en mille morceau qui furent projetés jusqu'au bout de l'immense pièce. Je mis une main devant ma bouche alors que les discussions cessèrent et que tout le monde se tournaient vers moi afin de suivre la scène. Certains se levèrent même pour voir ça de plus près. La brune était une Dangerous Hurricane. Cela sentait mauvais pour moi. Je constatai que je ne l'avais pas raté. Ce qui était anciennement mon jus d'orange s'était étalé sur son jean et sur une bonne partie de son tee-shirt. « Oh, je suis ... je suis désolée ! Ce ... Ce n'est pas de ... ma ... ma faute. Je ... vais arranger ... ça, ne ... ne 'inquiète surtout ... pas. » Je me penchai vers elle, affreusement embarrassée. Il n'y avait rien à faire, mais je n'allais tout de même pas rester plantée là !

Un bruit sourd se fit entendre, puis un crac sonore.


***


Un beau Soleil régnait. L’été approchait, doucement, mais surement. Je devais sortir d’ici, juste our aujourd’hui. Pour profiter un peu du Soleil, me vider l’esprit. J’en avait plus qu’assez de c et enfermement. Et de ces vampires, qui d’ailleurs, ne m’effrayaient pas le moins du monde. On m’avait souvent reproché mon inconscience. En tous les cas, je devais m’aérer l’esprit. Je m’étais donc levée de bonne humeur, m’habillais, me maquillais et me coiffais. Puis, je sortis de ma chambre, un sourire aux lèvres. Rayonnante.


C’était samedi. Je cherchais donc Eden, afin de passer la journée avec lui. Je répondais sans grande convictions aux bonjours enjoués des filles qui m’entouraient. Ou plutôt me collaient. Elles étaient plutôt étranges. Elle me parlaient de choses insignifiantes, devaient avoir compris que je m’en foutais royalement, mais tout de même, elle persistaient, et restaient à côté près de moi. Mais aujourd’hui, je n’allais pas m’énerver. C’était décidé. J’allais tenter de rester zen, et de ne pas me faire remarquer.


C’était jusqu’au coup de midi. Me promenant tranquillement dans un couloir, une jeune fille, blonde - comme c’est étonnant - me regarda de travers. Elle était un peu trop maquillée, et surtout, elle était entourée de garçon. Je ne sais ce qu’elle pensait à ce moment là, mais elle chuchota quelque chose au jeune homme qui se trouvait à sa droite, et elle se mit à rire, tout cela, bien sur en continuant à me regarder. Ma résolution de la journée n’avait pas tenu longtemps …


Je m’approchait d’elle . Et tout le reste découla sans que je ne puis rien contrôler. J’entendis un bruit sourd. Mon poing décolla sans qu’elle ne put le parer. Un crac sonore se fit entendre. Son nez, surement, ou ses belles dent blanches. Et tout le monde dans le couloir se stoppa net, afin de voir ce qu’il se passait. Durant une seconde, rien ne se fit entendre. Puis, des chuchotements naquirent de toute part. Rien que des chuchotements. Elle me regarda fixement, massait sa mâchoire douloureuse, et partit je ne sais où , en courant.


Tout le monde me regardait à présent. Je sentais tous leurs regards posés sur moi. Je les regardais tous un par un, droit dans les yeux, un léger sourire aux lèvres, les défiant. Puis, passant ma main dans mes cheveux, je me mis en marche, la tête haute, contente d’avoir mis une raclée à cette blondasse narcissique. J’allais avoir des problèmes . Et j’en étais consciente. Mais je n’allais pas rater une occasion de revoir Aaron ? Ou plutôt Monsieur le directeur . Mais lorsque je lui raconterais l’incident, il ne me fera rien. Absolument rien .


Mon ventre gronda. Je partis donc au réfectoire, seule. Je n’avais envie d’être avec aucune de ces mégères aujourd’hui. Je m’assis donc à une table, regardant de haut tout ceux qui osaient me défier du regard. J’avais presque l’impression que les chuchotements que j’entendais me concernaient. Mais bon, j’avais presque l’habitude. Je commençais à manger donc, les yeux dans le vague. J’étais presque ailleurs. Je repensais à toutes les fois ou j’avais du me battre avec qui que ce soit, filles ou garçon. Fallait-il que je prenne des cours de yoga ? Fallait-il que …


Quelque chose de froid se fit sentir au niveau de mon ventre et de mes cuisses . Liquide. Je revint à la réalité. La jeune fille assise à côté de moi avait renversé son verre de jus d’orange sur moi ! Je la regardais, d’un air étonné. Très étonné. J’imaginais déjà l’engueulade commencer, jusqu’au moment ou je vis son expression. Elle avait l’ai extrêmement embarrassée. Cela était évident : elle ne l’avait pas fait exprès . Elle bredouilla des paroles, sur un ton presque affolé :



« Oh, je suis ... je suis désolée ! Ce ... Ce n'est pas de ... ma ... ma faute. Je ... vais arranger ... ça, ne ... ne 'inquiète surtout ... pas. »




Et elle se mit à nettoyer mon affaires ! Sans que je ne lui demande rien du tout … C’était presque gênant. Cette fille devait avoir subit de nombreuses choses pour avoir presque peur des Dangerous Hurricane. Elle me faisait presque de la peine … Alors je pris sa main, afin de la stopper . Je pris sa main fermement, et la regarda dans les yeux. Étais-je vraiment si effrayante que ça ? Et cette pauvre fille qui ne l’avait pas fait exprès, et qui surtout avait l’air de regretter …



«  Laisse , c’est pas grave. »



J’avais dit ça presque avec … douceur. Oui, moi, Kyra, terreur scolaire, j’avais parlé à une inconnue, de plus blonde , avec douceur. Je la fixais droit dans les yeux, Elle ne devait pas être comme les autres. Non, elle n’était pas du genre narcissique, égoïste et égocentrique. Elle avait l’air plutôt douce, timide et très discrète. Je n’avais en effet même pas remarqué qu’elle s’était assise à côté de moi. Je soupirais , et une idée me passa par la tête.



« Tu veux bien me prêter ton jean ? Ne t’inquiète pas, je vais pas te le voler »



Il était bien vrai que dit comme ça, mon idée paraissait un peu louche … Mais en réalité, je voulais son jean comme élément de départ afin d’en faire apparaître un autre, exactement le même, grâce à mon don, afin de l’enfiler directement aux toilettes, au lieu de me trimbaler dans toute l’école avec mes affaires tachées et mouillées …