« Logan est amoureux, Logan est amoureux. » Je me tournai vers mon petit frère qui, debout sur mon lit, dansait au rythme de sa chanson. Je le regardai de haut en bas, et pouffai en reportant mon attention sur mon jeu vidéo. « Logan est amoureux, Logan est amoureux. » Cette fois, je mis mon jeu en pause et me levai. Je passai une main de désespoir dans mes cheveux en le regardant sautiller, un énorme sourire aux lèvres. J'avais eu une discussion téléphonique avec une fille de Underground, ma petite amie en vérité, elle-même rentrée chez ses parents pendant les vacances. Le petit garçon n'avait bien sûr pas pu s'empêcher d'écouter la conversation. Cette fouine avait absolument tout entendu. Il était content de lui et me le faisait savoir en répétant sans cesse sa petite chanson afin de me narguer. « Arrête de faire le gamin, tu es ridicule. » J'étais certain que cela allait faire mouche, lui qui détestait qu'on l'appelle « le petit », ou « le gosse ». « Logan est amoureux, Logan est amoureux. » Perdu. Je commençais à en avoir assez. Sa petit voix et son visage en apparence angélique m'insupportait. Je serrai les poings, essayant au mieux de contenir ma rage. « Maintenant, ferme là. » Ma voix fut menaçante, agressive. Il perdit tout de suite son sourire, mais continua. « Logan est amoureux, Logan est amoureux. » J'explosai. A une vitesse surhumaine, je l'attrapai par le pied, et le fit tomber sur le dos. Mes draps moelleux étaient là pour amortir le choc. Je montai moi même sur le lit avec aisance, et me mit à cheval au dessus de lui. « TA GUEULE ! FERME TA GRANDE GUEULE ! » Je le regardai, et vit de la peur dans ses yeux. Je serrai les dents et lui assenai un violent coup de poing sur le nez. Son sang chaud dégoulina sur ma main. Je léchai mon pouce, avalant le liquide signifiant la vie. « Arrête, Logan ! Je ne ferais plus jamais ça, je te le promets ! » J'eus un rire mesquin, dénué de toute douceur. « TA GUEULE ! TU N'AS PAS SU LA FERMER A TEMPS ESPECE DE ... » Je ne terminai pas ma phrase et lui assenai une série de coups de poing, tous plus violents les uns que les autres. Son sang imprégnait mes draps alors que la porte de ma chambre s'ouvrit. Mes parents entrèrent, affolé et écarquillèrent les yeux en découvrant la scène. Mon père m'attrapa par la taille et m'éloigna de mon frère. Ma mère, quant à elle, accourut vers ce dernier. Il était bien trop tard. « LAACHE-MOOI ! » Mon géniteur me força à quitter la chambre, sous les cris de douleur de ma mère.

Je me réveillai en sursaut, et me redressai en poussant les draps de mon lit. Le silence régnait dans le dortoir. Underground était paisiblement endormi. Je passai une main sur mon font brûlant avant d'essuyer les larmes qui avaient coulé sur mes joues. Je posai mes pieds nus sur le sol froid, et m'assis, ramenant mes jambes jusqu'à mon menton, et les entourai de mes bras. Ce cauchemar revenait toutes les nuits, encore et encore depuis cinq ans. Je revoyais le jour où j'avais tué mon frère. Tous les détails étaient là, je n'avais absolument rien oublié. Mes parents avaient réussi à étouffer cette affaire grâce à leurs relations. Ils m'avaient ensuite renvoyés à Underground, l'école de vampires où l'on m'enseignait des tas de choses, ne souhaitant plus jamais me voir. Je m'étais réfugié dans la cruauté. J'étais la terreur de Underground, endossant en même temps le rôle du beau goss qui obtient toutes les filles qu'il veut. Les filles étaient d'ailleurs devenues mon passe temps. Je m'efforçais de ne jamais rien ressentir, et de ne respecter personne. Etais-je prêt à changer ?